« L’ex-président de Facebook, Sean Parker, admet qu'il a aidé à construire un monstre. » Sous ce titre accrocheur, un article du site Business Insider relate le mea culpa de l’ex-associé de Marc Zuckerberg. S. Parker regrette aujourd’hui d’avoir contribué à mettre en place une application comme Facebook destinée consciemment à « exploiter la vulnérabilité de la psychologie humaine ». Lui et ses comparses avaient un but affiché, absorber le plus possible de votre temps et de votre attention consciente et pour cela mettre en place des dispositifs addictifs : cela veut dire qu’ils ont besoin de vous donner une dose de dopamine une fois de temps en temps, parce que quelqu’un a aimé ou commenté une photo ou une publication. Et cela va vous pousser à mettre plus de contenu, et ça entraînera… plus de « j’aime » et de commentaires. C'est un cercle vicieux d’impressions de validation sociale.
S. Parker n’est pas le seul à faire son mea culpa. D’autres personnalités de la Silicon Valley, comme Tristan Harris, ancien cadre de Google, sont devenues des lanceurs d’alertes contre l’emprise des géants du Web. T. Harris dénonce aujourd’hui les tactiques utilisées par Google, Amazon, Youtube, Facebook et autres pour capter l’attention des gens et les rendre dépendants.
Quels sont donc les moyens déployés pour parvenir à capter notre attention et créer une addiction aux écrans ? Nombre de magazines, de documentaires et de livres font des titres inquiétants sur les mystérieux et redoutables « pouvoirs des algorithmes ». Dans son essai À quoi rêvent les algorithmes, le sociologue Daniel Cardon décrit quatre grandes familles de calculs numériques qui concourent à attirer notre attention et orienter nos choix. Le calcul d’audience est le plus simple : il consiste à sélectionner et mettre en avant les pages, les sujets, les titres, les plus vus. Le principe de l’audience est le plus simple : si cela a capté l’attention de millions d’autres, cela marchera pour vous ou votre voisin. Les cookies, inventés en 1994, qui sont installés à notre insu dans notre ordinateur, sont les principaux mouchards qui servent de mesure d’audience. Google Analytics s’en sert pour calculer la fréquentation d’un site, mais aussi suivre votre parcours dans le détail. Ces indices de fréquentation (nombre de pages vues, temps passé sur telle ou telle page) intéressent toutes les entreprises ou médias soucieux de toucher un public cible.