À partir des décennies 1990 et 2000, partout dans le monde, des réformes de grande ampleur ont tenté d’imposer des logiques de gestion et de management au secteur public. Ce qu’on appelle le new public management s’est ainsi érigé en contre-modèle de l’administration publique traditionnelle : il serait garant de plus d’efficacité, de moindres coûts, d’une meilleure rationalisation des pratiques et des budgets, d’objectifs chiffrés quantifiables et évaluables, d’une meilleure performance et au final d’une plus grande efficience des politiques publiques. Il passe souvent par la mise en place d’agences sous contrat avec l’État et la création de marchés ou quasi-marchés dans des secteurs publics. Notamment mise en avant par Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle, la notion de start-up nation souligne l’idée selon laquelle les administrations et les dispositifs publics, l’État et les collectivités territoriales, doivent être réformés selon une logique entrepreneuriale, d’innovation managériale et numérique.
Ce new public management est tout à la fois une doctrine et une technique managériale nées au début des années 1980. C’est également un « mot valise », une construction évolutive, au point que toute innovation dans la gestion du secteur public a pu s’en réclamer plus ou moins directement. S’il ne s’est pas imposé partout avec la même intensité, il a imprégné, à des degrés différents, la culture de l’ensemble des administrations publiques dans la plupart des pays industrialisés. Il a connu un développement important et précoce dans des régimes néolibéraux et conservateurs, à l’instar de la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher ou des États-Unis de Ronald Reagan, mais également sous des gouvernements de gauche ou socio-démocrates, comme en Nouvelle-Zélande ou en Suède dès les années 1980.
Questionner les réformes managériales
Sécurité, santé, transports, services postaux et même éducation : tous les secteurs publics devraient donc passer au new public management. Si on regarde plus précisément le monde de la santé et en particulier l’hôpital public, très sollicité dans la période actuelle marquée par une crise sanitaire majeure, on voit bien comment une logique d’économie de la santé s’est ainsi imposée au plan international dès les années 1980 pour réformer les structures hospitalières dans un but de modernisation, mais aussi de performance et de rentabilité du secteur. En braquant le projecteur sur les difficultés rencontrées par les systèmes de santé publique, la crise du coronavirus a cependant révélé les faiblesses de cette nouvelle gestion publique. La tarification à l’acte, par exemple, a montré ses limites et est aujourd’hui fortement remise en cause.