L'intelligence... plus intelligible

Comment l’intelligence est-elle organisée ? Est-elle stable au fil de la vie ? Comment comprendre la progression régulière du QI au sein des pays développés ?

1. La structure de l’intelligence

Le débat sur la structure de l’intelligence a été longtemps dominé par l’opposition entre le modèle global (proposé par Alfred Binet : l’intelligence est unitaire) et des modèles analytiques (comme ceux de Louis Leon Thurstone ou de Joy Paul Guilford : le système cognitif est composé d’aptitudes indépendantes les unes des autres). Depuis une vingtaine d’années, un rapprochement entre ces deux modèles s’est toutefois opéré au sein de modèles hiérarchiques de l’intelligence. Le plus influent est, sans nul doute, celui développé par John Carroll (1916-2003), qu’il appelle « three-stratum theory » (modèle en trois strates) : les aptitudes élémentaires (analyse spatiale, estimation des grandeurs…) composent des aptitudes de plus grande étendue (par exemple, l’analyse spatiale ou encore l’estimation des grandeurs font partie de la perception visuelle), l’intelligence générale intervenant dans toutes les activités intellectuelles.

Charles Spearman, qui avait observé les intercorrélations entre toutes les mesures d’aptitudes dès le début du 20e siècle, avait proposé le concept de « facteur g » pour désigner ce facteur commun, faute de pouvoir en clarifier la véritable nature. De nombreux chercheurs se sont depuis penchés sur cette question. Les travaux les plus récents ont mis en évidence le rôle crucial de la mémoire de travail et de l’attention dans toutes les activités intellectuelles. En particulier, la capacité de la mémoire de travail semble jouer un rôle essentiel et stable dans les différences interindividuelles d’intelligence observées d’un individu à l’autre.