L'intelligence

Qu'entend- on par intelligence ?
Peut-on la mesurer ?
Une ou multiple ?
Innée ou acquise ?

Qu'entend- on par intelligence ?

On peine à s'entendre sur une définition de l'intelligence. On dira certes, de l'intelligence au sens large, qu'elle est la capacité à s'adapter à des situations nouvelles, à résoudre des problèmes, à comprendre et à apprendre. Mais le consensus sur sa définition s'arrête là. Les experts sont en effet divisés sur de nombreux points, à commencer par les processus psychologiques qui la sous-tendent, composés, en doses variables, de capacités de raisonnement, de connaissances et de mémoire, de symbolisation, de structuration des perceptions...

Malgré la pluralité des points de vue disciplinaires, d'aucuns n'ont cessé de dénoncer la vision « trop étroite » dont l'intelligence ferait l'objet. Il est vrai que, depuis René Descartes, les philosophes et les scientifiques ont, dans l'ensemble, plutôt été en faveur d'une représentation rationnelle de l'intelligence, dans laquelle les processus mentaux relèvent de phénomènes cérébraux qui seraient indépendants du reste de l'organisme et de l'environnement physique et social. Qu'en est-il aujourd'hui ? Pour les tenants de l'approche cognitive, dominante s'il en est, le corps et l'esprit sont sans doute liés au moyen d'un « programme informatique » qui serait commandé par cet ordinateur qu'est le cerveau. La dimension cognitive de l'intelligence comme capacité à résoudre des problèmes et à trouver des solutions domine donc encore la conception des experts occidentaux, laissant au second plan ses aspects socioémotionnels...

Depuis quelques années cependant, des signes d'ouverture, du champ des neurosciences à la sphère des émotions, se font jour. Les travaux du neuropsychologue Antonio R. Damasio ont montré le rôle indispensable que jouent les capacités émotionnelles dans toute prise de décision ; ceux du psychologue Daniel Goleman ont également mis en évidence l'importance des émotions dans notre fonctionnement cognitif (comme la peur, qui peut nous alerter et nous protéger d'un danger) et les désavantages d'un « illettrisme émotionnel », c'est-à-dire l'incapacité à comprendre et à gérer ses émotions ou celles d'autrui. C'est sans compter par ailleurs qu'il est des cultures où les dimensions émotionnelle et sociale de l'intelligence sont prises en compte depuis longtemps. Plusieurs enquêtes menées en Afrique et en Asie (Shih-Ying Yang et Robert J. Sternberg) montrent en effet que les théories implicites ou populaires de l'intelligence sont plus empreintes de contenus sociaux et comportementaux : comprendre les sentiments des autres, montrer de la compassion, faire preuve d'un certain sens moral y apparaissent comme des aptitudes aussi essentielles que les capacités de raisonnement logicomathématique chères à la population occidentale.