La révolution du 20e siècle a sans doute été l’accès à la libre disposition de son corps. Liberté inscrite dans le droit par des lois qui nous ont fait passer d’une société postvichyste à une société postsoixante-huitarde : légalisation de la contraception en 1967, loi Veil de 1975 autorisant l’IVG, loi de 1980 punissant le viol, loi de 1982 établissant la majorité homosexuelle (18 ans jusque-là) au même âge (15 ans) que la majorité hétérosexuelle.
Des années 1990 à 2015, cette évolution s’est poursuivie, malgré d’âpres oppositions, venues tout particulièrement de l’Église catholique et de la droite de l’échiquier politique. Elle concerne d’abord la contraception et l’IVG. En 1993 est votée la loi Neiertz qui instaure le délit d’entrave à l’IVG. En 1999, la contraception d’urgence arrive en vente libre dans les pharmacies et Ségolène Royal, alors ministre de l’Enseignement scolaire, permet son emploi dans les collèges et lycées (via les infirmières). Ce qui devra être régularisé par la loi du 13 décembre 2000. En 2001, la loi Aubry ouvre aux mineures le recours à l’IVG sans l’accord de leurs parents : il leur suffit d’être accompagnées par un adulte référent de leur choix. Autres acquis : le délai pour cette intervention passe de 10 à 12 semaines de grossesse et l’IVG médicamenteuse peut être réalisée dans un établissement de santé publique, un centre de planning familial, un cabinet « de ville », un centre d’orthogénie, un centre IVG. On ne s’arrête pas là. En janvier 2013, l’IVG devient gratuite pour toutes les femmes et la loi du 4 août 2014 supprime la notion de détresse figurant dans le texte de 1975.
Génération antipacs
Mais les oppositions ne manquent pas dès qu’il est question de sexualité. Lors des débats parlementaires de 2000, Philippe de Villiers (Mouvement pour la France) déclare par exemple : « L’histoire retiendra qu’à l’imitation des nationaux-socialistes, vous aurez introduit l’eugénisme d’État dans notre pays. » Jean-François Mattéi (Démocratie libérale) évoque les couples stériles qu’il reçoit (il est aussi médecin) ou les parents d’un enfant handicapé, et ajoute : « C’est alors qu’un avortement pratiqué quelques années auparavant, enfoui dans la mémoire, resurgit et fait naître un sentiment nouveau de culpabilité et de regret. »