Grande connaisseuse de l’œuvre de Simone de Beauvoir, la philosophe Manon Garcia avait publié en 2018 On ne naît pas soumise, on le devient. Le présent ouvrage paru à l’automne 2021 est une réflexion approfondie sur l’ambiguïté du consentement, thème qui résonne fortement avec les questionnements consécutifs au coup de tonnerre déclenché par le mouvement #MeToo.
Le constat est désormais clair : la révolution sexuelle initiée dans les années 1970 n’a pas tenu toutes ses promesses pour les femmes et a permis aux hommes de continuer à les utiliser comme des objets sexuels plutôt que comme des véritables sujets, ayant leurs propres désirs. Si le temps de « l’homme-chasseur » et de « la femme-proie » est révolu (bien que…), la pensée libérale propose une version contractualiste du sexe. Ce que l’auteure illustre par un long développement sur l’univers BDSM (« bondage, discipline, domination, soumission, sadomasochisme »), au départ forme de sous-culture gay et lesbienne qui s’est répandue chez les hétérosexuels, et dans laquelle les participants doivent signer un contrat. Le consentement prend la forme d’une acceptation où il n’est question ni d’amour ni de désir, mais d’échanges de services sexuels, y compris dans des couples mariés. La « culture du viol », les « masculinités toxiques » et ces « zones grises » où l’on consent sans vraiment être d’accord sont façonnées par la culture patriarcale qui continue d’organiser la domination masculine.