La Fabrication de l'excellence scolaire

philippe perrenoud, 1984, rééd. Droz, 1995.
1984 philippe perrenoud

Comment l'école fabrique-t-elle, au jour le jour, des jugements et des hiérarchies d'excellence ?

En évaluant les élèves à partir de normes prescrites, mais aussi de critères non- dépourvus d'arbitraire : certains maîtres par exemple valorisent plus que d'autres le soin et la présentation des devoirs ou encore la docilité de leurs élèves. En outre, les programmes et les cursus ne tiennent pas compte des différences entre enfants : lorsque ce livre est publié par exemple, tout le monde doit savoir lire à 7 ans...

C'est finalement à l'aune de tout un ensemble de critères, dont certains ne sont pas clairement annoncés, que les élèves sont étiquetés comme « bons » ou « mauvais ». Pour Philippe Perrenoud, l'institution scolaire est dotée du pouvoir de construire une représentation légitime de l'« excellence scolaire ». Ainsi, la maîtrise de la conjugaison s'évaluera par « des exercices théoriques et systématiques en dehors de toute communication fonctionnelle ». De même pour la lecture, ou toutes les autres disciplines y compris la musique ou l'éducation physique. A partir de longues années d'observations dans les classes du canton de Genève, Perrenoud livrait une étude novatrice sur la sociologie du travail scolaire. En étudiant les interactions dans la classe, il y démontrait que le bon élève est celui qui fait bien son « métier d'élève » en sachant décrypter les attentes des enseignants. Quant à ceux pour qui elles sont incompréhensibles, ils se réfugient dans diverses stratégies pour passer le temps : chahut, passivité... Les enseignants, eux, les perçoivent comme refusant de se plier aux règles du jeu.