Vous contestez l’idée communément admise d’un « retour du religieux » et préférez parler d’une « mutation » de la religion. Pourquoi ?
Pour deux raisons. La première est que l’idée d’une augmentation généralisée de la pratique religieuse doit être sérieusement nuancée. Dans tout l’espace occidental, y compris donc les États-Unis, la pratique diminue, alors que l’on n’a jamais autant parlé de l’influence de la religion sur la politique. La « religion » qui fait le plus grand nombre d’adeptes aux États-Unis depuis vingt ans est… l’athéisme (les gens se déclarant non croyants passent de 7 à 13 % de la population entre 1990 et 2003) ; en Europe, la pratique a continué de baisser entre 1980 et 2000 et cette chute touche des bastions catholiques comme l’Irlande et l’Espagne (où le nombre de foyers fiscaux qui acceptent le prélèvement de l’impôt religieux passe de 42 à 34 % de 1993 à 2002).