La raison bête

Bréviaire de la bêtise. Alain Roger, Gallimard, 2008, 292 p., 19 €

Difficile de s’attaquer à la bêtise sans faire un peu de ménage. Pour Alain Roger, elle ne doit être confondue ni avec l’idiotie, ni avec l’hébétude, ni avec la faiblesse du QI. Non, dire une bêtise n’est pas prononcer une erreur ou une naïveté, ce serait plutôt proférer une évidence. Loin d’être irrationnelle, la bêtise est, écrit A. Roger au risque de troubler le sommeil du grand Gottfried Leibniz, le produit ordinaire de la « raison suffisante » : présomptueuse, autarcique et outrecuidante. Le type même de l’assertion bête, c’est « un sou est un sou », « un homme est un homme », « moi = moi », bref « les choses sont comme elles sont », et au-delà de A et non-A, il n’y a pas de troisième terme. C’est le royaume de la tautologie.