La renaissance indigène au Brésil

Minoritaires, mais non sur le déclin, les Indiens du Brésil ont obtenu la reconnaissance légale de leur statut d’« occupants immémoriaux » des terres où ils vivent. Mais l’application de ces droits se heurte, sur le terrain, aux entreprises de colonisation de l’intérieur brésilien.
On estime que cinq millions d’Indiens vivaient au Brésil lorsque les Européens y débarquèrent vers 1500. Réduits à un peu moins de 100 000 à la fin des années 1950 et considérés en voie d’extinction jusque dans les années 1970, ils représentent aujourd’hui une population d’au moins 370 000 personnes. Le chiffre peut même être doublé si l’on y inclut les Indiens urbanisés, les groupes encore sans contact avec le monde extérieur et les groupes supposés éteints mais en voie de réémergence identitaire. 

Avec une superficie de 8,5 millions de kilomètres carrés, le Brésil est le cinquième pays du monde par son extension territoriale. L’Amazonie qui en occupe environ la moitié, couvre plus d’un tiers de l’Amérique du Sud. Dans les deux tiers de l’Amazonie brésilienne sont concentrées près de 60 % des communautés indiennes. On identifie 227 ethnies constituant des sociétés très diverses, vivant sur tout le territoire dans des environnements aussi variés que des forêts tropicales humides, des savanes, des forêts d’épineux et des déserts. Si certains ne se distinguent guère de la masse des Brésiliens pauvres, beaucoup – et parfois en dépit de contacts multiséculaires – maintiennent toujours une façon de vivre, une langue et une identité distinctes. La plupart des ethnies ont des populations réduites (moins de 5 000), certaines ne sont formées que par sept ou huit survivants comme les Akunsus du Rondônia, les Jumas de l’Amazonas ou les Xetás du Paraná. Deux seulement, les Tikunas de l’Amazone et les Guaranis de la région sud, ont une population supérieure à 30 000.