La responsabilité de protéger

La responsabilité de protéger, Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, Puf, coll. « Que sais-je ? », 2015, 128 p., 9 €.

Face à la violence et à la misère dans le monde, la communauté internationale essaie de s’organiser. Sous l’égide de l’Onu, elle a ainsi défini en 2001, et adopté quatre ans plus tard, une « responsabilité de protéger (R2P) » les populations civiles victimes d’exactions diverses (crimes de guerre, nettoyage ethnique, génocide). Cette doctrine engage les États à ne plus être des spectateurs passifs de la violence et les incite à intervenir dans des conflits tout en limitant leurs moyens d’action. À mi-chemin entre l’inaction et l’ingérence, la R2P relève ainsi d’un entre-deux très délicat qu’analyse le philosophe et juriste Jean-Baptiste Jeangène Vilmer dans ce livre. Bien qu’elle ne se réduise pas à l’intervention militaire, la R2P est une doctrine qui essuie beaucoup de critiques. On lui reproche souvent d’être contre-productive ou encore d’être un dispositif néocolonial. Par exemple, on a pu dire que l’intervention en Libye de 2011, réalisée au nom de la R2P, a révélé son ambiguïté et ses effets pervers. Mais, dépassant toute polémique stérile, l’auteur montre que ce n’est pas la doctrine qui est en cause dans l’échec relatif de cette intervention. Les responsabilités sont plutôt du côté du manque de préparation des intervenants à la gestion de l’après-conflit.