1• La technologie va-t-elle détruire la planète ?
La technologie appliquée à l’échelon industriel a joué un rôle important dans la création d’une dynamique délétère globale, que l’essayiste allemand Fabian Scheidler nomme la « mégamachine » 1. Dès l’Antiquité, la métallurgie a permis l’instauration d’un pouvoir économique de plus en plus étendu et concentré, des premières monnaies en alliage d’or et d’argent jusqu’au système financier mondialisé actuel. L’apparition de la métallurgie du fer en Anatolie vers -1200, permettant la production d’armes et d’outils de meilleure qualité, a accentué le développement d’États militaires agressifs, comme plus tard l’Empire romain. Une logique qui se poursuit avec les armes modernes (mitrailleuses, tanks, drones, missiles).
À l’époque moderne, l’invention de la machine à vapeur par James Watt (1874) signe le passage à une nouvelle ère géologique. Le Capitalocène, selon l’historien suédois Andreas Malm 2, a provoqué des changements inédits et catastrophiques dans la biosphère : déforestations massives et augmentation drastique des gaz à effet de serre ont engendré le réchauffement climatique. Le charbon, socle du développement de l’Empire britannique, fut massivement utilisé avec la mondialisation des bateaux à vapeur et du chemin de fer. Au 20e siècle, l’exploitation tous azimuts du pétrole génère gaz à effet de serre et pollution plastique. Or l’exploitation des hydrocarbures et des minerais trouve aujourd’hui ses limites, alors que se profile l’épuisement total du « capital fossile ».