Lâcher prise ?

Le lâcher-prise est souvent présenté comme une technique de méditation et de relaxation, fondée sur l’instant présent. Il invite 
aussi à travailler différemment – ne faire qu’une chose à la fois. 
Et à prendre au sérieux la formule : « Le mieux est l’ennemi du bien. »

Se relaxer, se détendre, relâcher la pression, renoncer à tout contrôler, à vouloir tout faire et tout bien faire, etc.

Voilà ce que l’on peut mettre derrière le mot d’ordre du « lâcher-prise », entré dans le langage courant et que nous soufflent à l’oreille les nouveaux apôtres de la méditation. Le lâcher-prise, remède issu des sagesses antiques, occidentales et orientales, combiné aux techniques de développement personnel, permettrait de retrouver la sérénité et le bien-être face à l’adversité.

Personnellement, j’avoue que le lâcher-prise a longtemps eu le don de m’énerver. « Lâcher prise ? Moi ? Jamais ! Parce que ce n’est ni possible, ni souhaitable. »

• Ce n’est pas possible : j’ai devant moi une montagne de travail. Et qui va rédiger mes articles à ma place ? Qui va diriger ma petite entreprise, piloter les projets en cours ? Répondre à l’avalanche de mails qui s’accumulent et aux messages sur mon portable ? Qui va s’occuper de mes papiers à ­réécrire, aller chez le coiffeur à ma place, remettre de l’encre dans l’imprimante ?

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• Ce n’est pas souhaitable : cela va à l’encontre de ma nature. Baisser mes exigences ? Je ne sais pas faire les choses à moitié. Et je perdrais d’ailleurs le goût de mon travail si je devais faire les choses « vite fait, mal fait ». Et de toute façon, je ne suis pas du genre à lâcher l’affaire. Renoncer face aux difficultés : c’est pour les faibles, les loosers. Déléguer ? Mais il faudrait que je trouve des gens à la hauteur. Le lâcher-prise, c’est bon pour les disciples béats de « l’instant présent »…

Voilà ce que j’ai pensé pendant longtemps avant de comprendre qu’il n’était question ni d’une démission face à ses responsabilités, ni de résignation, et pas uniquement d’une psychologie de bazar qui voudrait nous faire croire que l’on peut régler ses problèmes en regardant la vie sous un nouvel angle.

En me documentant, puis en tentant de pratiquer au quotidien, j’ai ­compris que derrière le visage parfois très irritant du bouddha inactif et illuminé se trouvent aussi quelques bonnes recettes pour se simplifier la vie et le travail.

Qu’est-ce que le lâcher‑prise ?

Le lâcher-prise n’a pas de définition canonique. L’expression renvoie, selon les sources, à plusieurs approches : 1) une méthode de relaxation ; 2) une attitude existentielle face à ce qui nous arrive, ce que l’on peut faire et ce que l’on ne peut pas faire ; 3) une philosophie du travail qui considère que « le mieux est l’ennemi du bien ».

• Une méthode de relaxation ?

Lorsque l’on courbe sous le poids d’une surcharge de travail, que l’on est bombardé de sollicitations multiples et que tous les clignotants commencent à virer au rouge, survient un moment où notre cerveau entre en état de surchauffe. Les alertes mentales (« tu dois faire ceci, cela », « attention, tu vas être en retard ! ») deviennent contre-productives et les effets du stress intense se font vite sentir : agitation mentale, difficulté de concentration, fatigue, irritation, sommeil troublé, angoisse et culpabilité. Une petite machine folle se met en route dans le cerveau, provoquant des bouffées de panique.