Lorsque l’on demande à Laélia Véron l’origine de sa vocation, nous pouvons nous attendre à ce qu’elle évoque une passion précoce pour les mots. Et pourtant, la réponse de cette enseignante-chercheuse en stylistique et langue française est tout autre. Si elle étudie aujourd’hui les enjeux de pouvoir tapis dans le langage, c’est parce qu’elle en a fait l’expérience concrète. De son enfance dans les montagnes du Vercors, elle garde la mémoire d’une famille dysfonctionnelle, avec un père tyrannique qui confisque la parole à sa femme et ses trois filles. « J’ai eu un père violent, sur tous les plans, j’ai expérimenté la domination et la manipulation par la langue. » C’est en « reprenant la parole, en reprenant le pouvoir » qu’elle réussit à s’en émanciper.