Il est des formules qui frappent comme des boulets de canon. Effondrement, La Fin de l’histoire, L’Erreur de Descartes, L’Instinct du langage, Le Bon Singe, Règles pour le parc humain : tous ces titres ont été publiés ces deux dernières décennies. Leur point commun ? Tous ont marqué les esprits, ébranlé les certitudes, suscité de furieux débats. Surtout, ils portent parfois en eux une nouvelle vision de l’homme, de la société ou de l’histoire.
Lorsque Francis Fukuyama publie en 1989 son article « La fin de l’histoire » (devenu un livre l’année suivant), un tollé se déclenche dans la communauté intellectuelle. Dans les semaines qui suivent, un torrent de publications va attaquer ou défendre les thèses du jeune trublion. La chute du mur de Berlin marquerait la fin de l’histoire et le triomphe universel de la démocratie et du marché. Beaucoup se moquent de ce qui apparaît à l’époque comme un plaidoyer en faveur du libéralisme. Mais au-delà de l’essai de circonstance, ceux qui lisent vraiment l’épais volume savent que s’y trouve quelque chose que l’on n’avait plus vu depuis des décennies : une véritable philosophie de l’histoire et une anthropologie politique.