Rencontre avec Isabelle Queval

Le corps moralisé

Pour Isabelle Quéval, le corps est support d’expression narcissique, mais aussi clef d’intégration sociale. Être soi tout en intégrant les normes sociales en vigueur, s’accepter tout en étant accepté..., deux injonctions paradoxales articulées par la notion de culpabilité.

D’objet de libération dans les années 1960-1970, le corps est devenu, à partir des années 1970, « le plus bel objet de consommation » , suivant l’expression de Jean Baudrillard, l’apparence physique constituant un véritable enjeu économique.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Isabelle Queval est philosophe. Dans son précédent ouvrage, S’accomplir ou se dépasser. Essai sur le sport contemporain , l’auteure, qui fut elle-même joueuse de tennis de haut niveau, liait la pratique du sport à certaines tendances contemporaines, comme la quête d’excellence et celle de la réussite.

Dans son nouvel essai, Le Corps aujourd’hui , elle poursuit sa réflexion sur les liens entre corps et société. Dans un environnement valorisant l’image et le spectacle, le corps, rappelle la philosophe, est tout à la fois un marqueur d’appartenance sociale et l’un des supports privilégiés d’expression de soi. Comprendre l’articulation entre individualisme et normes constitue un enjeu central de sa réflexion. I. Queval s’est saisie de ce paradoxe. Elle dresse, au-delà d’une philosophie du corps, le portrait d’une société nourrie d’injonctions contradictoires.