Le culturalisme. La personnalité est forgée par la culture

Franz Boas (1858-1942) a dominé l'anthropologie américaine au début du XXe siècle. Avec lui, l'anthropologie est devenue « culturelle ». Son but était d'étudier les cultures comme un ensemble de coutumes, de croyances, de modes de vie formant un tout propre à chaque société.

Ayant enseigné pendant presque quarante ans - de 1898 à 1936 - à l'université new-yorkaise de Columbia, F. Boas y a formé plusieurs générations d'anthropologues. A partir des années 20, quelques-uns de ses élèves vont se regrouper et donner naissance à un courant de pensée : le culturalisme 1. Deux femmes vont jouer un rôle majeur dans la formation de ce courant : Ruth Benedict et Margaret Mead.

R. Benedict (1887-1948) fut un temps danseuse et poète (sous le nom de Anne Singleton) avant d'entreprendre des études d'anthropologie à la New School of Social Research de New York. Devenue l'assistante de F. Boas en 1923, son travail de terrain l'a conduite en Arizona étudier plusieurs tribus amérindiennes, notamment les Indiens Pima et les Pueblos du Sud-Ouest.

Les différences de comportement entre ces deux peuples l'avaient frappée. Autant les Pueblos apparaissaient comme des gens sociables et pacifiques, autant les Pima se montraient plus bouillonnants, agressifs et passionnés. Reprenant une distinction de Nietzsche, elle définit comme « apollinien » et « dionysiaque » ces deux types psychologiques. Le type apollinien est plus calme, équilibré, conformiste. Le type dionysiaque, celui des Indiens Pima ou des Kwakiutl, est explosif, passionné, violent. Pour R. Benedict, il est clair que cette différence de personnalité est l'expression de deux « cultures » différentes.