La Manif pour tous ne désarme pas. Après les mobilisations contre le mariage pour tous, le mouvement a annoncé pour la rentrée un « plan vigigender ». Objectif : combattre une hydre qui menacerait nos chères têtes blondes, la « théorie du genre ». D’après ses détracteurs, cette théorie, d’importation américaine, promeut l’idée selon laquelle les différences de sexe sont de pures « constructions », sans rapport avec le donné biologique. Autrement dit, être garçon, fille, hétérosexuel ou homosexuel (ou autre chose) ne serait qu’une affaire d’assignations sociales qu’il conviendrait de déconstruire pour restituer aux enfants leur liberté de choix.
Vers une « lutte des sexes ? »
Les chercheurs ont beau répéter qu’une telle théorie n’a rien à voir avec les études de genre qui se développent un peu partout dans le monde, rien n’y fait. Les antigenre scrutent et dénoncent sa diffusion subreptice au sein de l’Éducation nationale. Qu’on en juge : lettre de Vincent Peillon aux recteurs les appelant à faire de la lutte contre l’homophobie l’une de leurs « priorités » (janvier 2013), rapport sur les discriminations « LGBTphobes » à l’école (juin 2013 – LGBT pour lesbiennes, gays, bi et trans), expérimentation en cours du programme « Les ABCD de l’égalité »… Si l’on rajoute à ça les tentatives d’instauration d’une « éducation à l’égalité de genre » à l’école primaire, il y a bien là, selon les opposants, un projet organisé d’endoctrinement dont les « minorités LGBT » (sic) seraient les ardents promoteurs. Un « observatoire de la théorie du genre » a même été créé par l’Uni, syndicat étudiant classé à droite, qui entend dévoiler « l’ambition globale de cette théorie », à savoir « remettre en cause les fondements de nos sociétés hétérocentrées » et « substituer au concept marxiste de la lutte des classes, celui de la lutte des sexes ».