Le musée de l'Homme renaît de ses cendres

On le croyait exsangue ; le musée de l’Homme resurgit après six ans de travaux, réinventé, pour raconter la saga de l’humanité. Il nous a ouvert ses portes en avant-première.

C’est l’histoire d’un vieux musée, que l’on pensait voué à la disparition et qui, miraculeusement, a fait peau neuve. Le musée de l’Homme, projet culturel emblématique du Front populaire, créé par l’anthropologue Paul Rivet, naquit sur les décombres de l’ancien musée d’ethnographie du Trocadéro, au moment de la construction du palais de Chaillot, lors de l’Exposition universelle de 1937. Dans ces murs « voués aux merveilles » (selon la formule de Paul Valéry inscrite au fronton), un musée-laboratoire vit le jour, défendant une science de l’homme humaniste et unifiée (préhistoire, ethnologie et anthropologie « physique »). Mais, à la fin du 20e siècle, celui-ci était peu à peu tombé en désuétude et ne déplaçait plus guère les foules. Et quand, en 2006, ses collections ethnologiques partirent pour le tout nouveau musée du Quai-Branly, il fut alors question qu’il fermât définitivement ses portes. La valse-hésitation a duré dix ans. Mais le projet est reparti, grâce à l’effort collectif d’une cinquantaine de chercheurs et personnels. Aujourd’hui, à côté des collections d’anthropologie et de préhistoire, l’institution s’est enrichie de 6 000 objets ethnographiques. Et s’offre des laboratoires dernier cri en même temps qu’une exposition ambitieuse. Petit tour d’horizon avant l’ouverture des portes, prévue pour le 17 octobre 2015.

Qui sommes-nous ?

Afin de rencontrer les personnes en charge du réaménagement, nous traversons de nombreux couloirs et de belles salles remises à neuf, sentant encore la peinture fraîche. Cécile Aufort, conservatrice et chef du projet de rénovation, nous parle des transformations du lieu. Tout l’espace de l’exposition permanente, nommé « La galerie de l’Homme », a été repensé par les architectes Brochet-Lajus-Pueyo. Ceux-ci ont notamment rouvert une superbe verrière (vestige du premier bâtiment de 1878), rajouté des escaliers et fabriqué une grande mezzanine pour fluidifier les déambulations. Évelyne Heyer, professeure d’anthropologie génétique au MNHN et commissaire scientifique des expositions permanentes, nous reçoit dans son superbe bureau avec fauteuils club et vue sur les jardins du Trocadéro. Heureuse de voir le grand projet qu’elle porte depuis des années enfin réalisé, elle nous présente le parcours conçu par les scientifiques du Muséum, avec l’appui de nombreuses personnalités extérieures. Celui-ci s’articulera autour de 3 grandes questions : qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ?