Au commencement
Dès ses débuts, l’église dicte le récit des origines.
Aux premiers temps du christianisme, il s’agit de convertir des populations d’adultes. Les lieux de culte se complètent souvent d’un baptistère, évoquant parfois une piscine de therme antique. Ici, celui de l’église Vitalis, Sbeïtla, Tunisie.
Dans les catacombes, les premiers chrétiens mettent en images leurs rituels. L’insistance est mise sur la passion du Christ et la promesse de la Résurrection à la fin des temps. Ici, à Rome, est peinte la résurrection de Lazare, préaccomplissement de cette promesse.
Au 13e siècle, le christianisme a triomphé en Europe, le judaïsme est relégué au rang des perdants. Sur ce chapiteau de la basilique de Vézelay (France), le prophète juif Moïse broie les grains, mais c’est Paul qui récolte la farine : le peuple des chrétiens se met en scène comme le verus Israel, vrai Israël, seul authentique héritier du message biblique.
Les humains sont des âmes de lumière dans des corps de glaise soumis à l’attirance sexuelle. Le couple primordial d’Adam et Ève, ici illustré par une fresque copte du 13e siècle (Oumm el-Berrîgât, Égypte), peut symboliser l’accès à ce savoir. Le serpent, en les amenant à goûter au fruit de l’arbre de la connaissance (la gnose, du grec gnosis, savoir), leur révèle leur condition : ils sont des êtres de lumière auxquels quelqu’un a joué un mauvais tour. Telle est la base des enseignements gnostiques. Ces croyances mettent en scène un monde de matière créé par une entité mauvaise, le Démiurge, qui a emprisonné des fragments de lumière, les âmes, dans des corps matériels. Nous étions, disent les gnostiques, des parcelles de lumière, et nous sommes désormais des ignorants. Seul un être divin peut nous sauver. Jésus est venu abolir la loi du Démiurge, le Dieu imparfait de l’Ancien Testament. Il faut s’astreindre à une ascète rigoureuse, s’interdire de procréer, et nous accéderons au Salut. Cette idéologie déplaisait à l’Église, qui la combattit. Ce n’est qu’en 1947 que les écrits gnostiques refirent surface, à Nag-Hammadi, Égypte, où fut découverte une cache de codex gnostiques des 3e-4e siècles.

