Le cognitif a déferlé sur les sciences humaines en deux temps. Dans un premier temps (années 1960-1970), la vague cognitive était centrée géographiquement sur les Etats-Unis (plus précisément au MIT) et théoriquement sur un modèle de référence : le cerveau-ordinateur. L'intelligence artificielle est alors la science pilote ; la pensée est comparée à un programme informatique. Penser c'est traiter de l'information. Les sciences cognitives regroupent alors un petit noyau de disciplines (psychologie, IA, linguistique, neurosciences).
A partir des années 1980, le modèle « computationnel » de l'esprit commence à s'essouffler. Une seconde vague cognitive va prendre le relais : celle des neurosciences. L'Homme neuronal de Jean-Pierre Changeux (1983) sonne la charge. Les années 1990 seront proclamées « décennie du cerveau ». On découvre les techniques d'imagerie cérébrale (IRM). C'est l'époque aussi où les sciences cognitives arrivent en Europe. Elles vont bientôt étendre leur modèle à des disciplines voisines. On commence alors à parler de thérapie, de sociologie, d'économie, d'éthologie... cognitives. A priori, la vague « neuro » est aujourd'hui à son sommet. Après la neurophilosophie des années 1990, voici venues neuropédagogie, neuroéthique, neurothéologie, neuromarketing... Pourtant, à y regarder de près, il semble que depuis les années 2000, on soit entré dans un nouvel âge.