Le temps de l'éclectisme. Les thérapies à la carte

Dans un souci d’efficacité et d’adaptation à chaque patient, les États-Unis, pays du pragmatisme, ont vu naître les psychothérapies éclectiques, où le praticien s’ouvre à des techniques issues d’horizons parfois très divers. Mais le développement de cette approche ne se fait pas sans quelques résistances.

Les psychothérapeutes sont généralement présentés comme des praticiens cantonnés à une orientation particulière : psychanalyse, thérapie cognitivo-comportementale, Gestalttherapie, thérapie systémique familiale… Pourtant, nombre d’entre eux ne revendiquent pas d’appartenance étroite à une « chapelle ». Ils auraient plutôt tendance à se réclamer d’un éclectisme thérapeutique.

 

L’optimisation de la psychothérapie

L’approche éclectique est fréquemment associée à une autre, dite intégrative. L’éclectisme sous-tend une palette de techniques choisies en fonction du patient et de son cas précis. Tandis que l’intégration suppose la volonté de synthétiser plusieurs pratiques pour fonder une nouvelle école.

L’éclectisme n’est pas nouveau. Durant l’Antiquité, Potamon d’Alexandrie recommande d’emprunter aux divers systèmes philosophiques les thèses les meilleures quand elles sont conciliables, plutôt que d’édifier un nouveau système. Cette position est adoptée dans différents domaines, dont celui des psychothérapies, à partir des États-Unis, dans la seconde moitié du xxe siècle. Ce constat peut être mis en relation avec le pragmatisme, courant créé par le philosophe des sciences et mathématicien Charles Sanders Peirce (1839-1914). Est bon ce qui marche : cette doctrine met en avant les conséquences pratiques d’un phénomène, d’un objet, d’une démarche. Un certain utilitarisme anime en effet les tenants de l’approche éclectique : il s’agit de réaliser les meilleures combinaisons de techniques, en vue d’optimiser l’efficacité de l’intervention psychothérapeutique. Tout ceci explique pourquoi, en 1990 déjà, 40 à 60 % des psychothérapeutes américains se reconnaissaient une orientation éclectique.

• Arnold Lazarus, Springer Pub., 1976.• Serban Ionescu, 1991, 3e éd., Armand Colin, 2005.• Nicolas Duruz, Delachaux et Niestlé, 1994.• John C. Norcross et Marvin R. Goldfried (dir.), Desclée de Brouwer, 1998.• John Preston, InterÉditions, 2003.• Olivier Chambon et Michel Marie-Cardine, 2e éd., Dunod, 2003.• Dominique Brunet, Publibook, 2007