« Les campeurs s’éternisent au moment du petit-déjeuner, ils réalisent le rêve populaire de la grasse matinée : disposer librement de son temps à la façon de ces rentiers qui attendaient, dans leurs draps de soie, qu’un domestique leur portât le petit-déjeuner et le journal (1). »
Quoi que l’on fasse, les vacances ont toujours été associées à un temps de repos donnant droit à la paresse. On se trompe pourtant bien souvent sur le sens originel du mot vacances. Avant que celles-ci ne connotent une dépense improductive du temps, elles désignaient au Moyen Âge l’interruption des audiences des tribunaux pendant la saison des moissons et des vendanges. Un temps – de juillet à octobre – qui, loin d’être un droit au repos, mobilisait le labeur d’une bonne partie de la population
C’est en fait au xixe siècle que se construit une véritable pratique sociale des vacances, au sens contemporain du terme. Ce sont alors les classes aisées qui s’en octroient. Aristocrates et grands bourgeois se mettent à quitter régulièrement leur résidence urbaine pour de nouveaux lieux de villégiature en bord de mer ou de luxueuses croisières en paquebot durant lesquelles la vacuité du temps autorise le farniente, et toute une sociabilité érotique (2).
(1) Pierre Sansot, , Payot, 1998.(2) Alain Corbin, , Aubier, 1995.(3) Joffre Dumazedier, 1962, rééd. Seuil, coll. « Points essais », 1972