La difficulté des sociologues et des historiens à dépasser les préjugés sur la culture de masse n'est qu'un cas particulier des difficultés du monde savant, et plus largement intellectuel, à trouver une manière juste de décrire les cultures populaires. Dans Le Savant et le Populaire, deux sociologues, Jean-Claude Passeron et Claude Grignon, ont mis en évidence deux biais très fréquents dans ce type d'analyse.
• Procédant souvent d'une volonté de réhabilitation, le populisme, « forme paradoxale de mépris de classe à l'égard des dominés 1 », enchante la culture populaire, décrite comme plus authentique, plus directe, plus franche qu'une culture légitime jugée guindée. Ce faisant, le populiste oublie les rapports de domination, qui font de la culture populaire une culture dominée, sans cesse rappelée (à l'école, dans les médias...) à son rang inférieur dans les hiérarchies de légitimité. Nulle part dans le monde social, par exemple, un André Rieu ne vaut un Mstislav Rostropovitch...