Du nouveau sur...

...les entreprises

Longtemps, pour l'économiste, l'entreprise ne fut qu'un « agent » de production, une sorte d'atome élémentaire guidé par une seule force : la maximisation du profit. Il n'y avait pas lieu d'ouvrir la « boîte noire » de l'entreprise pour voir ce qui se passait à l'intérieur. Jusqu'à ce qu'en 1937, dans un article fondateur, « La nature de la firme », l'Américain Ronald Coase (prix Nobel d'économie en 1992) pose cette question simple : « Pourquoi y a-t-il des entreprises ? » En effet, si, comme le veut la théorie dominante, le marché est la meilleure méthode d'allocation des ressources, pourquoi créer une organisation avec ses règles, sa hiérarchie, ses contrats de travail stables ? Pourquoi ne pas traiter le personnel comme des sous-traitants, en négociant au jour le jour le volume et le prix du travail en fonction des aléas du marché ?

Pour R. Coase, la réponse est simple : une telle méthode de gestion de la main-d'oeuvre supposerait des transactions permanentes et serait finalement d'un coût élevé. Conclusion : l'entreprise abolit la loi du marché en son sein pour éviter de trop lourds « coûts de transaction ». Cela révèle un problème qui jusque-là avait été ignoré par les économistes : dans une relation marchande, la transaction n'est pas gratuite. Parfois, il vaut mieux stabiliser la relation (quitte à négliger de meilleures opportunités) que renégocier sans cesse, ce qui se révèle très coûteux à terme. La théorie des coûts de transaction sera développée notamment dans les années 80 par Oliver Williamson, l'un des auteurs que l'on qualifie aujourd'hui de « néo-institutionnaliste ».

D'autres théories économiques des entreprises se sont développées récemment. On les appelle les « théories de la firme » : « théorie de l'agence », « théorie des droits de propriété », « théories des conventions ». Leur point commun ? Chercher à comprendre si une entreprise peut oui ou non être considérée comme un marché en miniature.