Des années 1990 aux premières décennies du 21e siècle, les féminismes ont été transformés par la mondialisation. Déjà marqués par des dynamiques transnationales et internationales, les mouvements de revendication ont élargi leurs interactions et mis en commun leurs problématiques. Dans les pays du Sud comme ceux du Nord, la mondialisation se traduit par la diffusion des études féministes et de genre ; de nouvelles réflexions sur les sexualités, l’imbrication des dominations, l’écologie et la violence systémique sur les femmes. Le pluriel de féminismes reste d’actualité car, à des questions communes, les réponses divergent selon des options politiques et face à l’affirmation de minorités féministes ethniques, religieuses, sexuelles de plus en plus actives.
Depuis la quatrième conférence de l’Onu sur les femmes à Pékin en 1995, on assiste à un consensus plus large autour des droits fondamentaux des femmes (accès à l’éducation, droits économiques, égalité dans la famille), y compris les droits reproductifs. S’y ajoutent la lutte contre les stéréotypes et les violences de genre. La mobilisation contre les mutilations sexuelles notamment prend une ampleur nouvelle : elle permet la mise en place de politiques publiques et l’extension des dénonciations au continent asiatique. L’application de la CEDAW (Convention contre la discrimination faite aux femmes votée par l’Onu en 1979) reste un objectif pour des acteurs féministes institutionnels comme des services d’État ou des ONG subventionnées qui leur sont liées : ils comptent sur les gouvernements pour défendre l’égalité des sexes. Malgré la possibilité qu’ont les États d’émettre des réserves, la Convention sert toujours d’argument, comme cela a été le cas lors de l’adoption au Maroc d’un nouveau code de la famille en 2004. L’Onu propose pour l’« horizon 2030 » d’articuler les droits des femmes à la lutte pour la paix, contre les changements climatiques, la pauvreté ainsi qu’à « la réduction des multiples inégalités intersectionnelles », c’est-à-dire dues à différents types de discriminations (selon l’âge, le sexe, l’origine sociale ou ethnique ou l’orientation sexuelle).