Alexis Godillot n’imaginait certainement pas qu’une paire de chaussure allait assurer la pérennité de son patronyme. Fournisseur aux armées pour la guerre de Crimée (1853-1856), il avait déjà équipé les troupes françaises de tentes, articles de campement et matériel d’ambulance. En pleine révolution industrielle, l’entrepreneur avisé, précurseur du fordisme et du travail à la chaîne, fonde en 1860 rue Rochechouart à Paris, l’« usine la plus moderne du monde ». La fabrication de chaussures militaires devient avec lui une industrie, chargée de répondre aux commandes du gouvernement impérial et remédier ainsi à la réputation de « va-nu-pieds » de ses fantassins. Ce qui vexe beaucoup Napoléon III. La fameuse chaussure en cuir montante à lacets et dotée d’une épaisse semelle garnie de clous va ensuite s’imposer dans l’équipement militaire du poilu, mais aussi chez les marcheurs de tous poils, premiers amateurs de randonnées alpines, bataillons des « gros mollets » du Touring Club ou des campements scouts, et autres amateurs d’auberges de jeunesse et de vacances sportives.
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