Des trajectoires variées
A l’heure de la mondialisation, les migrations internationales ne sauraient se résumer à des mouvements de populations fuyant une vie difficile dans des pays pauvres pour rejoindre des contrées occidentales riches de bienfaits économiques. D’une part, toutes les régions du monde sont aujourd’hui concernées par ces flux, comme zone de départ, d’accueil ou de transit, parfois l’une et l’autre à la fois. En 2005, l’Europe est le premier continent d’accueil de migrants internationaux (34 %), suivie par l’Asie (28 %), l’Amérique du Nord (23 %), l’Afrique (9 %) et enfin l’Amérique latine-Caraïbes (4 %). D’autre part, les raisons de migrer se complexifient : elles sont économiques, politiques, climatiques, familiales, ethniques, religieuses, personnelles, etc.
Les migrations concernent aujourd’hui près de 200 millions de personnes (75 millions en 1965), l’essentiel de ces déplacements se faisant au sein des deux hémisphères Nord et Sud. Selon le rapport sur le développement humain publié par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en 2009, seul un migrant sur trois aurait en effet quitté un pays en développement pour un pays développé. Et si plus de trois quarts des déplacements internationaux visent une installation dans un pays dont le niveau de développement social et économique est supérieur à celui du pays d’origine, la moitié des migrants originaires d’un pays pauvre s’installe dans un autre pays pauvre. Rappelons enfin que 7 % des migrants (14 millions de personnes) sont des réfugiés internationaux fuyant des zones de conflit, subissant ainsi une migration forcée.
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Un essor des mouvements Sud-Sud
Plusieurs facteurs ont récemment contribué à augmenter les mouvements de population au sein de l’hémisphère Sud. Ce dernier est en particulier le premier affecté par une nouvelle catégorie de migrants : les réfugiés environnementaux. Fonte des glaciers, désertification, montée des eaux, cyclones, inondations…, tous ces phénomènes, multipliés sous l’effet du réchauffement climatique, menacent en priorité les pays du Sud, plus vulnérables. Au Bangladesh, par exemple, qui subit la montée des eaux, les possibilités de redéploiement de la population sur le reste du territoire sont limitées. D’ici 2050, ce pourrait être de 200 millions à 1 milliard de réfugiés environnementaux qui pourraient être contraints de migrer. A l’image des 17 millions de déplacés internes à l’Afrique subsaharienne qui, outre les catastrophes climatiques, fuient également les drames économiques et sanitaires, ou encore les conflits.