Travailler quand l'apprentissage coopératif fait progresser
L’apprentissage coopératif consiste à faire travailler des élèves ensemble au sein de petits groupes. Il comporte quatre caractéristiques essentielles :
• L’interdépendance positive : les efforts de chaque membre sont nécessaires pour le succès du groupe.
• L’interaction facilitatrice : les membres s’encouragent et s’aident réciproquement.
• La responsabilité individuelle : personne ne peut faire « cavalier seul ».
• Le traitement cognitif par le groupe : les membres doivent régulièrement réfléchir ensemble sur leur façon de fonctionner.
Les résultats obtenus par l’apprentissage coopératif portent sur différents aspects de la vie en classe (en comparaison avec l’enseignement traditionnel) :
• Sur le plan personnel : augmentation de l’estime de soi. Les interactions conduisent les élèves à se considérer compétents.
• Sur les plans cognitif et scolaire : amélioration de la motivation à apprendre, de la complexité du raisonnement et des résultats scolaires, génération plus fréquente de nouvelles idées et solutions, meilleur transfert de ce qui est appris depuis une situation vers une autre. Les élèves apprécient également davantage l’enseignant : ils le perçoivent comme plus compréhensif et plus aidant.
• Sur le plan relationnel et social : augmentation sensible de l’appréciation réciproque, baisse du racisme et du sexisme, des incivilités et de la délinquance, du harcèlement et de la violence, ainsi que de la toxicomanie, meilleure intégration des élèves handicapés, augmentation des comportements altruistes.
A consulter :
• « Cooperative learning methods: A meta-analysis »David W. Jonhson, Roger T. Jonhson et Mary Beth Stanne, 2000. Disponible sur www.clcrc.com/pages/cl-methods.html
Le tutorat par les pairs. S'aider soi-même en aidant les autres
Une autre forme d’apprentissage fondée sur la solidarité entre élèves est le tutorat par les pairs, que l’on peut définir comme l’enseignement d’un élève à un autre.
L’adhésion de l’enseignant est essentielle pour la réussite d’une action de tutorat par les pairs et sa fonction reste fondamentale. Il aide le tuteur à préparer les séances, à recadrer son action.
Initialement, certains promoteurs du tutorat par les pairs ont jugé préférable que les tuteurs soient de bons élèves. Aujourd’hui, on s’est rendu compte que certains élèves en difficulté se sentaient plus à l’aise et progressaient mieux avec des élèves en difficulté qu’avec des élèves brillants. Le tuteur ayant lui-même des difficultés (passées ou actuelles) comprend mieux que l’élève se trompe ou ne sache pas.
Les études montrent que les programmes de tutorat par les pairs ont des effets positifs nets sur la réussite scolaire et sur les attitudes des tutorés. Ceux-ci obtiennent des résultats supérieurs à d’autres élèves n’ayant pas bénéficié de ce type de programme.
Les bénéficiaires sont aussi les élèves tuteurs qui sont conduits à réviser leurs cours, à essayer de mieux comprendre la logique de la discipline et à organiser leur pensée pour expliquer le plus clairement possible. Le tuteur effectue un réapprentissage qu’il n’aurait certainement pas réalisé sans cet objectif d’aider un autre élève en difficulté. Les effets positifs sont multiples : moindre absentéisme, meilleure ponctualité en classe, plus d’intérêt pour le travail scolaire, plus de respect envers les professeurs… et, au final, de meilleurs résultats scolaires.
A LIRE :
• « Helping at-risk students meet standards : A synthesis of evidence-based classroom practices »
Zoe Barley et al., Aurora, CO : Mid-continent Research for Education and Learning, 2002.
• « Educational outcomes of tutoring : A meta-analysis of findings »
Peter A. Cohen, James A. Kulik et Chen-Lin C. Kulik, American Educational Research Journal, vol. XIX, n° 2, 1982.
Les qualités d'un bon enseignant «On n'apprend pas d'un prof qu'on n'aime pas»
L’authenticité, la considération pour l’élève, l’empathie, telles sont, selon la psychologie humaniste, les qualités nécessaires à un bon enseignant. De nombreuses enquêtes ont montré que l’impact de l’enseignant peut largement compenser une éducation familiale défaillante ou un milieu social défavorisé. Ces attitudes sont-elles réellement susceptibles de faciliter l’apprentissage ?
C’est précisément ce qu’ont voulu étudier David Aspy et Flora Roebuck. Ils ont notamment constaté que les enseignants qui manifestent le plus ces trois qualités permettent à l’ensemble de leurs élèves de progresser sensiblement au cours d’une année scolaire.
Mais ils sont allés plus loin, en mettant au point un programme destiné à améliorer le niveau des enseignants sur ces trois qualités, au sein d’une école située dans un environnement socioéconomique très faible.
• Cette école a gagné neuf rangs dans l’échelle de compétence en lecture des élèves de la commission scolaire locale (l’école dessert le plus grand nombre d’élèves défavorisés dans cette zone scolaire).
• En moyenne, les élèves de 7 à 10 ans de cette école ont fait plus de progrès en mathématiques que tous les élèves de la zone scolaire.
• L’école avait le taux d’absentéisme le plus bas de son histoire (8,8 %) en quarante-cinq ans d’existence.
• Le nombre de bagarres entre élèves a diminué de façon significative.
• Le vandalisme a diminué de façon significative (ce problème auparavant sérieux n’en était plus un).
• Le pourcentage de démission chez les enseignants est passé de 80 % à 0 %.
• Des enseignants d’autres écoles ont commencé à demander à être mutés dans cette école.
A LIRE :
• Liberté pour apprendreCarl Rogers, 1971, rééd. InterÉditions, 2009.
• On n’apprend pas d’un prof qu’on n’aime pas
David Aspy et Flora Roebuck, Actualisation, 1990.
• « Learner-Centered Teacher-Student Relationships Are Effective : A Meta-Analysis »
Jeffrey Cornelius-White, Review of Educational Research, vol. LXXVII, n° 1, 2007.