« Réunis dans ce qu’on appelait “les royaumes de jeunesse”, les jeunes garçons, dès l’âge de la puberté, se regroupaient les jours de fête et après le travail pour se livrer à des rixes entre groupes rivaux : bagarres au poignard ou à l’épée pouvant aboutir à des meurtres, viols collectifs étaient, aux yeux des autorités de l’époque (moderne), des activités banales des jeunes hommes à marier », écrit Robert Muchembled dans son Histoire de la violence. La violence des jeunes s’exprime principalement dans le cadre de bandes. « Issu de très anciennes traditions, leur modèle se trouve étroitement imprimé dans la trame de la culture occidentale pour soutenir les intéressés au moment du difficile rite de passage de l’enfance à la maturité », affirme l’historien.
Dans l’Europe médiévale, elles sont nommées « royaumes de jeunesse », « abbayes » ou « bachelleries » selon les régions. À l’apogée du phénomène, vers 1500, la ville de Lille en compte quarante-sept. Ces bandes offrent un cadre pour apprendre la vie collective et procurent un sentiment d’appartenance. Les rixes et les viols y sont des activités banales.