Les systèmes de réputation à l'assaut de l'alimentaire

La réputation d’un produit devient aussi importante que sa marque ou son label, comme l’illustre l’exemple du Nutri-Score.

À l'instar des hôtels, des VTC ou encore du cinéma, constamment notés par les consommateurs et parfois évalués par les pouvoirs publics, le monde de l'alimentation n'échappe pas aux déploiements des « systèmes de réputation » (encadré). C’est ce qu’illustre par exemple l’apparition du « Nutri-Score », supposé aider les consommateurs à évaluer des produits du quotidien – gâteaux, yaourts, œufs, etc. La singularité de cet indicateur ne tient pas au fait d’objectiver la qualité d’un produit. Les classements en nombre d’étoiles des hôtels se fondent aussi sur des critères objectifs par exemple. Son aspect synthétique, résumant en un critère la composition des aliments, n’est pas non plus une nouveauté. Le choix d’un code couleur et d’une échelle ordinale en classe est régulièrement utilisé pour créer des logos lisibles en un clin d’œil par les consommateurs. Sa particularité est qu’il ne se diffuse pas seulement sur les conditionnements, mais aussi par des plateformes comme Open Food Fact et des applications comme Yuka. Il participe à un système de réputation. Dans l’économie de la qualité, le champ de l’économie qui analyse la construction des normes de qualité et leurs effets sur les comportements des agents, le Nutri-Score pourrait ainsi passer pour un label parmi d’autres, répondant à la nécessité de signaler la qualité d’un produit et de trouver des conventions de qualité communes. Mais en réalité, il appartient à un nouvel environnement informationnel, largement modelé par les systèmes de réputation nés sur les plateformes sociales et les marketplaces. De Trip Advisor à Amazon, d'Uber à Trustpilot, des likes de Facebook aux notes d’Airbnb, une nouvelle convention de qualité a émergé, fondée sur l’agrégation d'informations le plus souvent apportées par les consommateurs.