Les thérapeutes - Un panorama

Voici quelques-uns des psys qui, depuis deux siècles et chacun dans son propre style, ont imprimé leur trace, de l’asile au divan.

◊ Philippe Pinel (1745-1826)

À tout seigneur, tout honneur. Contrairement à la légende, inventée par l’un de ses fils, Scipion, il ne brise pas les chaînes des fous dont il a la charge à l’hospice de Bicêtre. C’est plutôt le surveillant de l’endroit, Jean-Baptiste Pussin (1745-1811), qui s’y risquera progressivement. Néanmoins, à Bicêtre en 1793 et 1794, puis à la Salpêtrière de 1795 à 1826, Pinel développe l’idée d’un « traitement moral » de la folie : apprendre l’histoire personnelle du patient, comprendre son délire pour tenter de le ramener à la raison… Une perspective inédite.

◊ Jean Martin Charcot (1825-1893)

Ce neurologue officiant à la Salpêtrière à partir de 1862 conquiert une gloire internationale en montrant que l’hystérie n’aurait pas de cause physiologique, comme on l’avait toujours cru. La preuve, il est possible de déclencher des crises sous hypnose, et d’utiliser la suggestion pour les surmonter. L’école de Nancy réunie autour d’Hippolyte Bernheim (1840-1919) accusera Charcot non pas de révéler, mais de provoquer les symptômes à son insu en présence de patientes impressionnables. L’hystérie telle qu’il l’a décrite, la « grande hystérie », ne sera d’ailleurs jamais observée qu’en sa présence, et disparaîtra après sa mort.

◊ Sigmund Freud (1856-1939)

Stagiaire de Charcot, le médecin viennois retient l’idée que les symptômes névrotiques peuvent être la conséquence de troubles psychologiques et non organiques, et seraient donc réversibles par la parole. Il finit par renoncer à l’hypnose pour élaborer la psychanalyse, à la fois appareil conceptuel, méthode d’exploration de l’inconscient et pratique thérapeutique. Si la pensée psychanalytique irrigue encore abondamment la psychologie clinique, surtout en France, les succès thérapeutiques de Freud sont largement mis en cause par les historiens depuis trois décennies.