Les vertus des catastrophes

Une histoire des inégalités. De l’âge de pierre au XXIe siècle, Walter Scheidel, Actes Sud, 2021, 764 p., 28 €.

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Mettre fin aux inégalités est une obsession contemporaine qui fait couler des fleuves d’encre. Pourtant, à en croire l’historien Walter Scheidel, la réponse est à portée de main et tient en un mot : la catastrophe. Selon lui, les seules forces à même d’abolir les inégalités sont celles qui détruisent les richesses des sociétés : les guerres totales, les effondrements étatiques, les révolutions et les pandémies. Hors de ces « quatre cavaliers du nivellement », incarnation séculière des cavaliers de l’apocalypse, point d’égalité.

W. Scheidel n’est pas un révolutionnaire millénariste, mais un spécialiste reconnu de la Rome antique. Son histoire globale des inégalités amalgame tous les indices disponibles (la taille des maisons romaines, les chroniques chinoises, jusqu’au dymorphisme sexuel chez nos ancêtres hominidés…) pour extrapoler un indice universel des inégalités (le coefficient de Gini). Sur cette base, il entend démontrer que si les inégalités s’accroissent mécaniquement dans les sociétés prospères, c’est qu’elles obéissent à une règle d’or : quand les richesses augmentent, la capacité de l’élite à en capter une part croissante s’accroît toujours bien plus vite.