Libres d'obéir

Libres d’obéir. Le management, du nazisme à aujourd’hui, Johann Chapoutot, Gallimard, 2020, 176 p, 16 €.

Mettons les choses au point : dans ce livre, Johann Chapoutot, historien reconnu du nazisme, n’entend nullement montrer que le management moderne est une invention nationale-socialiste, ni qu’il s’agit d’une pratique intrinsèquement mauvaise.

Il y retrace principalement le parcours de Reinhardt Höhn, juriste, nazi précoce, qui sera général de la SS et membre de son service de sécurité et de renseignement jusqu’en 1945. Celui-ci soutient que l’État est une structure statique, à l’opposé du dynamisme du Parti. Il développe une certaine conception – analogue à celle du management « par objectifs » – de l’action des hommes et des institutions, qui doivent être libres d’accomplir les missions qui leur sont assignées sans entraves bureaucratiques. Cette doctrine se traduit, dans le contexte du IIIe Reich, par une prolifération d’agences parallèles à l’État et à l’armée agissant comme elles l’entendent.