Loisirs. Le temps libre, une conquête du xxe siècle

Le temps de loisir ne cesse d'augmenter. En l'espace de quinze ans, les Français ont gagné une demi-heure par journée. Ils bénéficient maintenant de près de quatre heures de loisirs, en moyenne, par jour. Comment expliquer ce phénomène ? Le développement du travail à temps partiel et le passage progressif aux 35 heures ont participé à cet accroissement notable du temps de loisir.
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Au cours du xxe siècle, diverses lois viennent libérer du temps en limitant, tout d'abord, la durée journalière du travail 1. C'est ensuite la durée hebdomadaire qui est restreinte : la loi des 40 heures est votée en juin 1936. Les premiers congés payés sont octroyés sous le Front populaire. C'est alors la durée annuelle du travail qui se trouve réduite. A l'échelle d'une vie, le temps de loisir s'est accru, car on travaille de plus en plus tard (avec l'allongement des études) et on s'arrête de travailler de plus en plus tôt (avec l'abaissement de l'âge de la retraite). Chez les étudiants et les retraités, le temps de loisir est le plus élevé, compris entre six et huit heures en moyenne par jour. Chez les actifs, le temps n'est pas égal pour tous. L'agriculteur ou le commerçant ont les journées de travail les plus longues et les vacances les plus courtes. Les femmes sont aussi lésées. Prises par les tâches domestiques, elles ont près d'une heure de moins de loisir par jour. Ces différences ne doivent pas masquer la tendance générale. Le xxe siècle a libéré du temps de loisir. Comment ce temps est-il utilisé ?

Quels sont nos loisirs ?

Selon la classification de Roger Sue (Le Loisir, Puf, 1988), on peut distinguer les pratiques culturelles des loisirs physiques (sport), pratiques (bricolage, jardinage) ou sociaux (cafés, restos, associations). Du côté des pratiques culturelles, le tiercé gagnant est : la TV, la radio et la lecture. La « lucarne magique » est présente quasiment dans tous les foyers et le temps passé devant n'a cessé d'augmenter. Trois heures en moyenne par jour sont consacrées à regarder le petit écran. Beaucoup plus si vous êtes ouvrier ou employé. Il y a une culture télévisuelle chez ces catégories socioprofessionnelles ainsi que chez les moins diplômés. Le Bigdill, Questions pour un champion, les émissions sportives et les grandes séries romanesques ont leur préférence. Mais les plus téléphages sont les retraités et les femmes au foyer. Les séries soap, les émissions de bien-être sont programmées pour cette cible. La radio est aussi un média très présent dans nos loisirs. Les baladeurs, les radiocassettes dans les voitures, tous ces instruments nous permettent de combiner une activité de déplacement (voire même de travail) avec l'écoute des informations ou des programmes musicaux. Les jeunes sont les plus consommateurs et, selon l'Insee, ils préfèrent nettement le rap, le rock, le reggae au jazz. Enfin, à la troisième place du tiercé figure la lecture. Elle nous occupe une demi-heure par jour. Concurrencés par l'audiovisuel, les journaux ont moins bonne presse. Les magazines spécialisés tirent mieux leur épingle du jeu. Et si les publivores sont moins nombreux, la démocratisation de la lecture se poursuit. Des livres sont présents dans la plupart des foyers. De plus, on peut lire à peu de frais dans les nombreuses bibliothèques, dont la fréquentation est en hausse.

Donc, les pratiques culturelles qui ont la préférence des Français sont : la télé, la radio et la lecture. Pour un quinté gagnant, il faudrait ajouter le cinéma et la visite des musées. On note, par ailleurs, un récent engouement pour les parcs de loisir. Disneyland en est la figure de proue, mais des parcs véhiculant une identité culturelle forte marchent bien aussi. Les Français sont nombreux à aller glisser sur les moustaches d'Astérix et les Roumains attirent les foules dans leur Draculaland niché dans un village au fin fond des Carpates. Notre mode de vie de plus en plus sédentaire et urbain n'est peut-être pas étranger au plaisir de se retrouver ensemble, en famille et en plein air. Spectacles de rue ou de pyrotechnie, reconstitutions historiques, quand la culture sort des lieux sacrés et consacrés (musées, galeries d'art), c'est souvent un triomphe. Le sculpteur Ousman Sow a attiré des millions de curieux en exposant ses oeuvres sur le pont des Arts, à Paris. Le sport n'a plus le monopole du plein air.