Mary Read (vers 1690-1721) et Anne Bonny (vers 1700-1721) / Femmes pirates

Au 18e siècle, l’âge d’or de la piraterie, plusieurs femmes se sont imposées. Ces écumeuses des mers n’étaient pas moins impitoyables que leurs compagnons de razzias et n’hésitaient pas à risquer leur vie.

©Illustrated London News LTD/Mary Evans /Bridgeman Images
Sous les yeux de Anne Bonny, Mary Read affronte un pirate... une vision fantasmée et érotisée datant de 1931.

« Nous prions la Cour de bien vouloir surseoir à notre exécution parce que nous sommes enceintes. » Un appel à la clémence peu banal dans un procès pour piraterie… Ce 28 mai 1720, à Santiago de la Vega (Jamaïque), le président de la Cour de l’amirauté vient de délivrer sa sentence à l’encontre de deux membres d’équipage du capitaine Rackham : « La pendaison par le cou, jusqu’à ce que mort s’ensuive. » Dix jours plus tôt, le chef pirate et neuf de ses complices ont été condamnés à la même peine. Depuis, leurs cadavres se balancent à l’entrée du port de Kingston.

Les pirates Mary Read (1685-1721) et Anne Bonny (v. 1700-1721) ont été jugées séparément car leur cas n’est pas ordinaire : ce sont des femmes. Deux femmes qui partagèrent une même profession, un même destin tragique et, probablement, une grande amitié. Deux femmes aussi aux tempéraments très différents.

Mary Read vient des faubourgs miséreux de Londres. Elle a passé le plus clair de son existence vêtue en homme. Enfant, déguisée par sa mère pour tromper une aïeule et lui extorquer une pension ; adulte, pour survivre dans des milieux peu enclins à accueillir des femmes. Mary en effet sert dans l’infanterie, en qualité de cadet, puis s’engage en Flandres, dans la cavalerie, pour affronter les Français dans la guerre de succession d’Espagne. Elle y rencontre son premier amour. Le corps endurci du soldat Read se consume de désir pour un compagnon d’armes, tandis que sous le bandeau qui écrase ses seins palpite un cœur tendre. Mary se dévoile mais prévient : c’est le mariage ou rien. Un pari risqué qui sonne le glas de sa carrière militaire.