Le recours à la contraception reste la norme, en France, chez les femmes qui souhaitent poursuivre une activité professionnelle (seules 3 % n’en utilisent pas). Cependant, on perçoit depuis le début des années 2000 une évolution importante dans les choix de méthodes contraceptives. Tout d’abord, la pilule est moins utilisée. Ainsi, si au début du xxie siècle, 55 % des femmes la prenaient, elles ne sont plus que 41 % aujourd’hui. Les débats récents autour des effets nocifs des pilules de 3e et 4e générations, ainsi que leur non-remboursement depuis mars 2013, ont évidemment eu un impact : pour preuve, alors que 40 % des pilules utilisées en 2010 étaient de 3e ou 4e générations, cette proportion est passée à 25 % en 2013. Mais cette explication est insuffisante, car cette relative désaffection pour la pilule s’inscrit dans un mouvement plus ancien lié au souci croissant, chez certaines femmes, d’éviter les contraceptifs à base d’hormones. Méthodes naturelles Ce phénomène s’est traduit par une plus forte utilisation des autres moyens contraceptifs, tels que le stérilet (+ 1,9 point), le préservatif (+ 3,2 points) et d’autres méthodes comme les dates (rapports en dehors des périodes de fécondabilité) ou le retrait (+ 3,4 points), aux effets pas toujours fiables. D’ailleurs, sur les dernières années, on s’aperçoit que l’aspect financier a pu jouer dans ces choix, car ce sont surtout les femmes en situation financière difficile, jeunes et sans diplômes qui ont opté pour des méthodes « naturelles » moins efficaces. Il se développe ainsi une véritable inégalité sociale face à la contraception, qui pourrait donner lieu dans les années à venir à une recrudescence des grossesses non désirées dans les milieux sociaux les plus défavorisés. Une tendance connexe importante est l’utilisation du stérilet chez les femmes jeunes, puisqu’entre 2010 et 2013, le recours à cette méthode contraceptive est passé de 2 % à 5 % chez les femmes de 20-24 ans et de 8 % à 16 % chez celles de 25-29 ans, cette évolution concernant aussi les femmes sans enfant pour cette dernière tranche d’âge. Au final, on assiste à une plus grande diversité aujourd’hui des pratiques contraceptives, même si la pilule reste le premier moyen de contraception utilisé. Son image a cependant été écornée par les récents débats sur ces effets secondaires : si 44 % des femmes en 2010 étaient tout à fait d’accord avec l’idée selon laquelle « la pilule permet aux femmes d’avoir une sexualité plus épanouie », elles ne sont plus aujourd’hui que 37 % à le penser. De manière révélatrice, ce sont les jeunes femmes qui se reconnaissent le moins dans cette proposition.
Moins de pilules, moins de contraception?
La pilule est de plus en plus délaissée, au profit de moyens de contraception moins fiables… et moins coûteux.