Pas encore nés, déjà protégés ?

La question de la justice entre générations se pose désormais, en matière d’environnement, sur un horizon de temps très long. Mais le calcul des coûts supportables pour le bénéfice de nos lointains descendants s’avère complexe.

Fin avril 2021, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe censurait partiellement le plan climat du gouvernement allemand au motif qu’il était jugé insuffisant pour protéger les libertés des générations futures. Une décision symbolisant l’attention croissante accordée aux droits des générations à venir dans le débat climatique. Dans un récent livre, The Good Ancestor. How to think long term in a short-term world (2020), Roman Krznaric développe le concept d’« ancêtre bienveillant » pour décrire l’attitude à adopter face aux défis actuels, avec pour horizon celui de la septième génération après la nôtre.

« Non-existence » et « non-identité »

La justification et la définition d’un tel principe de justice envers les générations lointaines ne vont pourtant pas sans poser une série de défis, philosophiques comme économiques. Le simple fait d’attribuer des droits aux générations du 25e siècle soulève des objections examinées par Axel Gosseries 1. La première, la « non-existence », postule qu’une personne qui n’existe pas encore ne peut avoir de droits ; la seconde, la « non-identité », rendue célèbre par Derek Parfit, que les générations futures ne peuvent pas s’estimer désavantagées par nos choix de vie présents car ces choix forment le contexte et la condition même de leur conception.