Peine de mort : deux siècles de débats

Dès 1791, des révolutionnaires ont proposé l'abrogation de la peine capitale. Il aura fallu deux siècles de plus pour qu'elle soit votée par le Parlement français, le 9 octobre 1981.

« J'ai l'honneurau nom du gouvernement de la République, de demander à l'Assemblée nationale l'abolition de la peine de mort. » En septembre 1981, Robert Badinter, garde des Sceaux du gouvernement socialiste fraîchement élu, ouvre un débat qui va aboutir au vote d'un projet en gestation depuis déjà deux siècles, et qui a enflammé de manière récurrente l'Assemblée nationale, la classe politique et l'opinion publique.

En 1981, la peine de mort a déjà été abolie dans la plupart des démocraties occidentales (et depuis longtemps pour certaines). Pourquoi alors cette décision a- t-elle tant tardé en France, pays considéré comme la patrie des Lumières et des droits de l'homme ? Julie Le Quang Sang, docteur en sciences politiques, a analysé les débats et les enjeux qui se sont joués autour du projet abolitionniste, en distinguant trois moments 1.

1791, 1908 : deux rendez-vous manqués

En 1791, l'Assemblée constituante, composée de toute une élite progressiste de philosophes et d'avocats libéraux et philanthropes, décide de doter la nation française d'un Code pénal prévoyant la suppression des supplices, l'institution de la prison pénale (elle était auparavant un simple lieu d'enfermement où l'on attendait d'être jugé ou exécuté) et l'abolition de la peine de mort. L'évolution des événements cependant, ainsi que des dissensions sur la peine de remplacement, font échouer l'abolition.