C'est au cœur d’un complexe hospitalier colossal. Après avoir passé de multiples bâtiments, demandé quatre fois mon chemin et fini par arpenter de longs couloirs labyrinthiques, j’arrive enfin à destination. « C’est incroyable, vous avez trouvé tout seul », me lance Hélène Denis, psychiatre, en souriant. L’accueil est chaleureux et contraste avec des locaux hospitaliers froids et quelque peu vieillots. Des psychologues, infirmiers et éducateurs visiblement impliqués me parlent de leur travail. « En arrivant ici, j’ai découvert une équipe bienveillante, des professionnels qui se parlent et travaillent dans la confiance », confie Catherine Costeau, la cadre arrivée depuis peu. Quant aux adolescents, « ils viennent chercher un cadre sécurisant qui leur fait défaut à la maison », nous explique-t-elle. Depuis la création de l’unité il y a une dizaine d’années, la demande ne cesse d’augmenter. Actuellement, l’hôpital de jour peut accueillir 10 collégiens et 5 lycéens de moins de 16 ans habitant Montpellier ou ses environs. Tous présentent des troubles anxieux massifs et sont totalement déscolarisés. Certains n’osent plus sortir de chez eux et se sont coupés de toute relation sociale. « Pour être admis dans ce service, il faut qu’ils aient envie de retourner à l’école. Si ce n’est pas le cas, nous leur proposons d’autres types de prises en charge moins contraignantes », explique H. Denis. Le contrat de soins conclu avec le jeune et sa famille prévoit en effet un retour progressif au collège ou lycée avant la fin de l’année scolaire.
Programme « Zen attitude »
Pour traiter les troubles anxieux, l’équipe soignante s’appuie sur un programme spécifique de TCC élaboré par H. Denis. À leur admission, les adolescents reçoivent un petit livret illustré pour suivre pas à pas le Zen Attitude Programme. On y trouve des méthodes pour identifier ses peurs, mieux les appréhender grâce à des techniques de relaxation et de respiration ou encore pour se défocaliser des pensées anxiogènes. « Nous leur donnons une boîte à outils qui leur permet de gérer eux-mêmes leur anxiété. Une partie des outils va agir sur les symptômes physiques, d’autres sur les pensées négatives qui surgissent en situation de stress. Nous les aidons par exemple à trouver des pensées alternatives aux scénarios catastrophes qui les inquiètent », explique Julie Martinez, infirmière. Tous les soignants ont été formés en interne sur ces techniques. Sur quatre demi-journées par semaine, les adolescents bénéficient de deux heures de cours dispensés par une enseignante en groupe de 5 et de différents ateliers collectifs et prises en charge individuelles proposés par les soignants. Après la classe, les soignants proposent des temps de sport, des repas en commun ou encore des jeux de rôle pour apprendre à affirmer son point de vue, à se défendre contre des insultes, etc. Avec son référent, chaque adolescent établit une liste de ses peurs. « Cela peut être la peur de prendre le tram, la peur de la foule ou encore la peur de parler à des inconnus », explique J. Martinez. Les soignants peuvent les accompagner à l’extérieur de la structure pour les aider à s’y confronter. Le collectif joue un rôle stimulant par ailleurs, car les réussites des uns vont motiver les autres à sauter le pas.