À la grande déception de ses parents, Mathéo n’a pas aimé ses premières années d’école. Pour expliquer son désintérêt et ses comportements inadaptés, il a longtemps répété « c’est nul l’école », finissant par convaincre ses parents qu’il n’était peut-être pas fait pour cela. Cependant, en CM1, à l’arrivée de Julie, la nouvelle maîtresse de l’établissement, ils décrivent un « incroyable » changement. Mathéo se met à dire qu’il adore ce qu’il apprend et à travailler spontanément à la maison. Son niveau scolaire progresse vite et ses relations en classe s’apaisent. Pourtant, les pratiques pédagogiques de Julie ne sont pas plus innovantes que celles des enseignantes précédentes. Alors, que s’est-il passé ? Pour ses parents, la clé du changement est ailleurs : Julie fait preuve d’affection et parvient à prendre chaque élève en considération. Mathéo parle d’une maîtresse « contente » et qui fait toujours attention à lui.
Cette histoire n’a rien d’original. De nombreux élèves, quel que soit leur niveau scolaire, ont vécu la même chose. À tel point que des chercheurs du monde entier en ont fait un objet d’étude. Ainsi, en 1991, Robert Pianta et Sheri Nimetz, de l’université de Virginie aux États-Unis, commencent à étudier spécifiquement la dimension affective de la relation enseignant-élève et montrent ses effets positifs sur les compétences scolaires et sociales des enfants à l’école maternelle 1. Depuis, des centaines d’études sur le même sujet ont été conduites et les résultats convergent, qu’il s’agisse d’élèves du primaire, du secondaire ou d’étudiants dans le supérieur. Comment expliquer cet impact du lien enseignant-élève sur les apprentissages ?