Pourquoi nous ne croyons plus au père Noël

Les croyances partagées ont des propriétés qui font qu’elles se diffusent ou s’éteignent. Là aussi, ce sont nos raisonnements qui sont en cause.
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Plus orienté vers l’enquête et les vérifications expérimentales, le sociologue Gerald Bronner aborde la question des croyances en enquêtant sur le comment de leur apparition et de leur disparition. Rappelons en effet que l’un des mystères de la croyance collective, c’est sa diffusion : il ne suffit pas, comme le fait Raymond Boudon, de montrer qu’une idée incertaine peut toujours être justifiée, il importe d’identifier les motifs de son succès. C’est ce que fait G. Bronner dans Vie et mort des croyances collectives (Hermann, 2009). ll se souvient que, dans les an­nées 1980, le faible taux de mortalité enregistré dans le XIIIe arrondissement de Paris a donné naissance à une rumeur largement colportée : dans cet arrondissement vivent beaucoup de Chinois ; ils ne déclarent pas leurs morts, les enterrent à l’étranger et revendent leurs papiers d’identité pour faire entrer de nouveaux compatriotes. Comme beaucoup de croyances, celle-ci repose sur quelques faits vérifiés (la mortalité, la présence de Chinois) et d’autres purement hypothétiques (la dissimulation des cadavres, le trafic de papiers). G. Bronner tente alors une expérience auprès de ses étudiants : il leur soumet les données de l’histoire, et leur demande d’imaginer différentes explications. Puis il collecte leurs suggestions, et les soumet à différentes évaluations. Les résultats recueillis lui permettent de distinguer entre trois facteurs selon qu’une explication est 1) fréquemment évoquée, 2) jugée crédible, 3) bien mémorisée.