Quelle différence morale peut-on faire entre un acte terroriste et un acte de guerre légal ? La différence n’est pas si évidente, comme le montre le philosophe Nicolas Tavaglione. Tout d’abord parce que les définitions usuelles du terrorisme sont mal fondées. Le terrorisme se caractériserait-il par les moyens (attentats à la bombe, par exemple) ou les tactiques (sélection aléatoire des victimes) qu’il emploie ? Mais à cette aune, il engloberait un événement comme les émeutes de banlieue de 2005, où des voitures étaient brûlées au hasard. Faut-il plutôt le distinguer par le fait qu’il poursuit des buts politiques et idéologiques, et son ambition de faire régner la terreur ? On peine alors à voir ce qui le distingue d’une guerre conventionnelle. Et si l’on met en exergue la nature non étatique des acteurs, ce sont les guerres de libération qui, là, basculent dans le terrorisme.
, « Les habits de la mort. Sur la différence morale entre terrorisme et guerre légale », , n° 41, février 2011.