Certains vous diront que le rock, c’est un style musical définissable a minima par la présence de guitares (électriques de préférence), une batterie, plus un clavier (pas indispensable), plus une ou plusieurs voix, le tout sur un rythme binaire bien marqué, ce qui le différencie d’emblée du jazz, de la musique latine et de bien d’autres traditions dansantes. Mais pas forcément du hip-hop…
D’autres insisteront sur son histoire : d’abord le rock’n’roll jouisseur des années 1950 (Chuck Berry, Elvis Presley), puis la rencontre avec la pop (les Beatles) et le folk contestataire (Bob Dylan), puis l’inflexion psychédélique (Pink Floyd) et la frénésie du hard rock (Led Zeppelin, Deep Purple), suivies du glam rock (David Bowie, Queen), l’épisode du punk, de la new wave (The Cure), le tout ponctué par les sonorités rugueuses du heavy metal (Iron Maiden), pour finir sur l’influence techno produisant l’electro pop (Depeche Mode) et autres spécialités d’aujourd’hui. Tout ce buissonnement, dont beaucoup de branches continuent de pousser, c’est l’univers musical du rock. Si divers qu’à vrai dire, on ne sait pas trop où il s’arrête : Céline Dion serait-elle une chanteuse de rock ?
C’est pourquoi d’autres commentateurs diront que le rock est un symptôme, celui par exemple de l’éternelle révolte d’une génération contre la précédente. Ainsi lorsque vers 1976 déferle le mouvement punk (Clash, Sex Pistols), c’est à la fois en réaction contre la professionnalisation de la musique et les conséquences sociales du thatchérisme. Les paroles sont rageuses, la musique primaire, les tenues trash et sexuées s’attaquent à l’héritage des années baba cool. En ce sens, le rock ne serait rien d’autre que la musique des jeunes révoltés contre celle des vieux installés. Bon, mais il suffit de regarder la scène des années 2000 et le public des concerts de rap pour en douter. Ou alors, le rap, c’est le rock d’aujourd’hui ?