Comment les enfants apprennent à compter ?
Le fait est désormais bien établi : certains animaux (du rat au pigeon, de la pie au chimpanzé) possèdent une capacité à discerner un nombre donné d'objets. Par exemple, mis face à deux plateaux où sont placés des carrés de chocolat (3 + 4 morceaux sur l'un et 5 + 1 sur l'autre), un chimpanzé n'hésite pas longtemps : il choisit le premier plateau, là où les chocolats sont les plus nombreux. Preuve qu'il discerne les nombres et même qu'il effectue des calculs élémentaires. De son côté, on sait depuis les travaux d'Elisabeth Spelke que le bébé humain, à partir de 5 mois, réussit lui aussi des épreuves numériques simples.
Faut-il en conclure que certains animaux, tout comme les petits humains, sont naturellement mathématiciens ? Non. Certes leur cerveau est « façonné » par l'évolution pour appréhender spontanément des quantités numériques élémentaires. C'est ce qui permet notamment à un oiseau de compter ses petits... Mais ces aptitudes ne préparent pas à résoudre des problèmes de calcul plus complexes. Le passage du calcul élémentaire au véritable calcul mental (par exemple effectuer des calculs du genre 13 + 8 ou 12 - 3) suppose deux autres conditions. Tout d'abord la possibilité de manipuler mentalement des nombres, sous forme d'images mentales intériorisées. Seuls les humains en sont capables une fois acquise la capacité symbolique, apparaissant vers 2 ans. Et c'est même seulement vers 6-7 ans que les enfants peuvent acquérir vraiment l'addition et la soustraction.
La maîtrise du calcul suppose la combinaison de deux évolutions :
- une évolution psychologique individuelle qui fait passer des perceptions numériques élémentaires à la capacité de se représenter les nombres sous forme consciente et réflexive ;
- une évolution culturelle propre à chaque société, qui doit transmettre par apprentissage les méthodes de calcul qu'elle a inventées.
C'est le mariage de ces deux évolutions qui rend le calcul possible.
Comment les enfants apprennent à parler ?
Le langage n'apparaît pas avec la parole et les premiers mots (entre 12 et 20 mois selon les enfants). En fait, dès le stade fœtal, le bébé commence déjà à en acquérir les rudiments. Il apprend d'abord à distinguer son environnement sonore : la voix de sa mère qu'il distingue des autres voix, puis la prosodie typique de sa langue maternelle. Des expériences ont montré que si quelqu'un se met à parler une langue étrangère, le cœur du bébé s'accélère, manifestant qu'il a ainsi repéré quelque chose d'anormal.
Après sa naissance, au cours des cinq premiers mois, il va discerner les sons, les syllabes, les mots. Entre 7 et 10 mois, l'enfant comprend certains mots : il bat des mains quand on lui dit « bravo » et fait un signe d'adieu quand on lui dit « au revoir ». Ces premiers mots sont acquis grâce au « motherese », la formulation caractéristique que les adultes adoptent lorsqu'ils parlent à des petits (intonation aiguë, articulation très prononcée, association entre le mot et le geste).