Qui peut changer notre système de consommation ?

Les individus ne peuvent pas transformer seuls notre modèle pour le rendre plus écologique et responsable. Les entreprises et les États ont aussi un rôle à jouer.

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Un changement radical de notre modèle ne paraît plus discutable. Le rapport du Giec de 2022 insiste sur l’inanité des mesures prises ces cinquante dernières années, et propose quelques pistes pour le remplacement des énergies fossiles et la réduction de la demande énergétique. Pour autant, la verdisation des villes et des emballages, la diabolisation du plastique, et tous les petits efforts que les Français consentent de plus en plus à faire – le tri sélectif, le non-usage de sacs plastique, l’installation de panneaux solaires… – ne suffiront pas à inverser les tendances. Pas plus d’ailleurs que l’interdiction, à l’horizon 2035, des véhicules à moteur thermique. Toute volonté de réguler la surconsommation en modifiant les pratiques implique de choisir un modèle de société, devant être pensé et débattu collectivement. Le déploiement d’une consommation plus respectueuse des ressources et de l’environnement dépend du travail conjoint de plusieurs parties prenantes : l’État, les organisations marchandes, les ONG, les citoyens. Mais l’école et les institutions ont également un rôle à jouer. Qui peut dès lors impulser ce changement ?

Le rôle clé des entreprises

En juin 2022, EDF, Engie et Total, trois énergéticiens majeurs signaient ensemble une tribune dans Le Journal du dimanche pour inciter les Français à réduire leur consommation énergétique. « Plus que jamais, la meilleure énergie reste celle que nous ne consommons pas. Nous devons, collectivement, agir sur la demande en énergie en réduisant notre consommation pour nous redonner des marges de manœuvre. Nous appelons donc à une prise de conscience et à une action collective et individuelle pour que chacun d’entre nous – chaque consommateur, chaque entreprise – change ses comportements et limite immédiatement ses consommations énergétiques, électriques, gazières et de produits pétroliers 1. » Que trois concurrents s’associent pour mettre en œuvre une telle action de démarketing – un marketing qui vise à faire baisser la demande d’un produit ou service – remet au centre des débats le rôle des acteurs sociaux dans l’évolution des modes de consommation. Non content de mettre en évidence la déficience de l’action publique en la matière, cet appel montre clairement le rôle clé des entreprises dans le changement nécessaire de modèle de consommation devant être opéré. Pour faire face à la raréfaction des ressources et aux contraintes énergétiques, elles représentent une force de proposition et d’innovation indispensable concernant l’usage de nouveaux matériaux, l’allègement et la recyclabilité des produits, l’invention de nouveaux modes de circularité, etc.