Vous en avez assez de votre travail ? Vous avez le sentiment de perdre votre vie dans un « boulot de merde » 1 ? Vous êtes guetté par le burn-out ou le bore-out ? Ou alors, vous avez aimé votre travail hier, mais désormais vous avez « fait le tour » ? Bref, vous rêvez de trouver une façon de retrouver la voie d’un travail épanouissant 2. Sachez que vous n’êtes pas le seul : huit salariés français sur dix aspirent à changer de métier 3.
Bonne nouvelle : des solutions existent ! Oui, on peut même dire que depuis quelque temps, les propositions fleurissent de toute part. Tandis que certains rêvent de prendre la tangente pour un nouveau métier, d’autres envisagent de changer « le » travail, c’est-à-dire reconstruire un projet collectif pour rendre le travail plus vivable. « Entreprise libérée », « holacratie », « slow management » ou « management humaniste », « coopérative » et « entreprise cogérée », « télétravail » et « autoentreprise » etc. Pour y voir clair, divisons cette profusion d’idées en trois voies principales : 1) trouver un nouveau job, 2) promouvoir un nouveau management, 3) inventer la nouvelle entreprise. On verra au passage ce qu’il advient quand le rêve se confronte à la réalité…
Changer de métier
La première voie est celle du changement de vie. Elle émane notamment de cadres stressés qui décident de tout plaquer pour changer de vie. Il y a quelques années, le « syndrome de la chambre d’hôte » 4 en a saisi plus d’un : la vie à la campagne, l’hospitalité, une table garnie de bons produits de la ferme : comment ne pas céder aux charmes de ce nouveau jardin d’Épicure ? Mais le rêve s’est heurté depuis quelques années à une dure réalité : Airbnb (qui a bouleversé le marché de l’hébergement touristique). En ce moment, c’est plutôt l’artisanat d’art qui a le vent en poupe 5. Cette aspiration rejoint une tendance plus générale vers la redécouverte du travail manuel : version vente en ligne (fabriquer des bijoux, tricoter ses pulls), version high-tech (à la mode californienne des makers, leur fablab et imprimante 3 D) ou formule plus classique de la cuisine, la mécanique ou la plomberie. Matthew Crawford s’est taillé un beau succès avec son Éloge du carburateur (2016), en relatant son expérience d’ex-universitaire reconverti dans la réparation de motos.
Évidemment avec un peu de recul, le bilan n’est pas aussi rose que prévu. Les autoentrepreneurs qui rêvaient de vendre de la musique ou des bijoux sur le web ont dû se raviser (40 % d’entre eux n’ont aucun revenu !). Et les conseilleurs ne sont pas toujours les payeurs. Si M. Crawford passe encore un peu de temps à customiser des motos dans un garage de Richmond (Virginie), il a quand même repris le chemin de l’université et passe le plus clair de son temps à enseigner, écrire des livres et faire des tournées de conférences 6. De façon générale, vouloir changer en même temps de métier, d’environnement et de lieu de vie peut se révéler très aventureux sur le plan personnel, et expose à un risque de déclassement.