L’apocalypse n’est pas pour demain. Dans votre dernier livre, vous souhaitez battre en brèche le catastrophisme ambiant. Mais quels arguments avez-vous pour soutenir que tout va mieux aujourd’hui qu’hier ?
Des faits, tout simplement, qui me semblent trop souvent ignorés. Quelques exemples parmi d’autres. Les catastrophes ? Elles sont de plus en plus visibles, mais elles font de moins en moins de morts. La pauvreté ? En proportion de la population totale, le nombre de personnes pauvres dans le monde n’a jamais été aussi faible. C’est vrai aussi pour la sous-alimentation. À l’inverse, des indicateurs tels que l’espérance de vie ou l’indice de développement humain (IDH) sont en augmentation presque partout. Les pandémies grippales tuent beaucoup moins qu’auparavant, etc.
Mais pourquoi nos contemporains semblent-ils rongés par l’inquiétude ?
Il y a deux explications. On pense toujours que c’était mieux avant ; et on a toujours trouvé des hommes politiques ou des prophètes pour exploiter les peurs à leur profit. Mais il y a aussi des raisons contemporaines. J’appelle cela les 3M.
1) La modernisation des sociétés : plus nous sommes protégés, plus les risques qui subsistent paraissent insupportables.
2) La médiatisation à outrance des catastrophes, résultant de la concurrence que se livrent les médias.
3) La modélisation excessive : nous avons des outils informatiques de plus en plus précis, qui nous autorisent à faire des prévisions présentées comme scientifiques mais fondées sur des éléments parfois très discutables.