Se soigner en méditant

Depuis une trentaine d’années, psychologues et neuroscientifiques étudient les effets curatifs de la méditation. Souvent associée à des religions comme le bouddhisme, cette pratique peut-elle être véritablement thérapeutique ?

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Matthieu Ricard est le plus célèbre des moines bouddhistes français. À 73 ans, il a médité plus de 60 000 heures. Les découvertes du neurologue Steven Laureys sur le cerveau de ce champion de la méditation sont étonnantes : sa matière grise (la structure du cerveau) et sa matière blanche (les connexions entre les neurones) sont largement plus développées que chez les autres individus de son âge 1. Les zones dédiées à l’attention, à la mémoire et à la perception (notamment des émotions) sont renforcées. « Si l’on compare les réseaux cérébraux à un réseau d’autoroutes, Matthieu Ricard dispose d’un nombre supplémentaire de voies de circulation et d’un meilleur contrôle de la densité de circulation », explique S. Laureys. Pour lui, il s’agirait des effets d’un entraînement intensif à la méditation.

Mais en quoi consiste cette pratique ? Tordons d’abord le cou à une première idée reçue : la méditation n’est pas forcément religieuse. Bien que leurs textes sacrés la mentionnent depuis longtemps, les bouddhistes n’ont pas tous l’habitude de méditer, loin de là. Il ne s’agit donc pas de pratiquer un rite zen, ni de chercher à atteindre une quelconque transe. Pas question non plus de faire le vide dans ses pensées. Pour S. Laureys, « méditer, c’est consacrer son attention au fonctionnement, au développement et à la santé de son cerveau et de sa conscience pour essayer de mieux en comprendre les mécanismes ». Ainsi, il faut se concentrer sur le moment présent pour le vivre pleinement. L’attention peut se porter sur le corps, la douleur, les émotions, l’environnement… Il existe diverses formes de méditation, mais la plus utilisée en thérapie reste la « pleine conscience » (encadré ci-dessous). Outre l’attention focalisée, ce type de méditation requiert de ne pas juger ses pensées, en particulier lorsque des affects tristes ou anxieux surgissent. Il faut les accueillir tels quels, sans culpabiliser.