Simone Weil, une philosophie de l'attention (1909-1943)

La capacité d’attention est au cœur de ses réflexions. Elle en fait une faculté cardinale de l’esprit pour mieux percevoir le réel.

Simone Weil meurt à Londres à 34 ans, laissant une œuvre immense et inachevée, dont l’ensemble constitue seize volumes 1. Une œuvre aussi fulgurante que sa vie, dont la plupart des textes majeurs ont été écrits en moins de trois ans, de 1940 à 1943. Elle déconcerte encore plus d’un lecteur ou d’un commentateur : quelle unité établir entre les écrits de la disciple du philosophe Alain, de la militante révolutionnaire des années 1930, de l’intellectuelle touchée par la grâce fin 1938, et de l’auteur de L’Enracinement (1943), ce traité de civilisation pour l’Europe d’après-guerre ?

S. Weil n’a ignoré aucune des dimensions de la culture comme l’illustrent les rubriques du Cahier de L’Herne qui lui a été consacré : « philosophie » (incluant sciences et mathématique), « littérature et esthétique », « politique et histoire », « religion et mystique ». À quoi il faut ajouter une capacité rare de conjuguer les Anciens et les Modernes. Elle va jusqu’à articuler Pythagore et Platon à Descartes et Kant ; Rousseau et Durkheim à Proudhon et Marx. S. Weil est allée avec une aisance aussi déconcertante de la pensée grecque à Jean de la Croix (1542-1591) et jusqu’aux sagesses orientales, voulant retrouver les sources spirituelles de toutes les civilisations.

Une pensée en acte